(Avec autorisation de l’auteure)
J’avais 13 ans au moment du débarquement et tout ce que je puis vous narrer, c’est que prévenue par Paul Molkhou la veille au soir de ce qu’il se passerait quelque chose dans la nuit, lorsqu’après que les sirènes aient retenties, vers six heures du matin, nous nous sommes installés sur notre terrasse qui donnait sur le port et avons vu, dans sa direction , s’avancer une énorme masse noire.
Lorsqu’elle était au port, nous avons réalisé qu’il s’agissait d’un navire, nous avons entendu des voix et avec des jumelles nous avons pu reconnaitre un drapeau anglais.
Il est resté au port toute la journée, mais hélas à six heures du soir, suite à des tirs venant du Fort L’Empereur il a dû repartir.
Puis le soir, le port a été bombardé. Nous avons donc pensé que le débarquement avait échoué, mais de fait le lendemain matin nous avons heureusement appris le contraire.
C’était un lundi, je me suis rendue au Lycée Fromentin sur les hauteurs d’Alger, espérant que la joie éclaterait mais rien n’était changé, le lever des couleurs en présence d’un légionnaire s’est tenu comme à l’habitude.
Écoeurée, je me suis sauvée, et, arrivée dans les rues d’Alger, c’était la liesse, soldats anglais ou américains les parcouraient en jeeps ou camions, jetant des cigarettes ou des boîtes de « corned beef » aux civils subjugués.
De retour à mon domicile, j’ai entendu le message du Général Giraud : « Les Forces allemandes avaient l’intention d’envahir l’Algérie, nous les avons devancées ».